La danse contemporaine, la mienne, pourrais-je affirmer en toute modestie, est l’aventure du corps : elle est sujet et objet, intime et exposée, libre, intuitive et maitrisée. Elle vit notre temps et s’inscrit dans l’histoire de l’humain, depuis ses origines.

La danse c’est le mouvement, le mouvement c’est la vie, la danse c’est la vie. Quand on danse, on ramasse sa vie dans un maelström de sensations sauvages qui génèrent le beau, le juste et on se connecte avec les autres, avec l’univers.

La danse nous réconcilie avec nous-mêmes, les autres, notre terre. Nous n’avons plus ni passé, ni futur. Nous sommes. Pleins … Enfin humains. Le corps dansant transcende la condition humaine. plus de corps physiologique et d’esprit bridé et manipulé, plus de frontière entre le spirituel et le temporel. La danse pulvérise les notions d’art, de religion, elle est une puissance de suggestion qui s’adresse à tous, elle est un processus interne qui « parle »instantanément à travers le corps des danseurs et de spectateurs.

Quid de la technique ? Quels sont les éléments constitutifs de « ma » technique ? Que dire du danseur intuitif et profond et de l’acquisition des codes techniques qui structurent à la fois notre corps et notre esprit. Nous sommes de fragments et la vie nous façonne dans l’expression corporelle de nos émotions. Comment faire émerger notre corps dansant ? Comment garder la fabuleuse énergie vitale de l’enfant que nous sommes tous, la beauté naturelle des gestes, la simplicité ? Comment conserver cet éveil à la vie, ce sentiment de « tout est possible » ? Ou alors, ce corps dansant il est. Il est toujours là, et la danse coule de nous comme l’eau d’une fontaine mais c’est alors la structure qui fait défaut. Comment ressentons nous notre ancrage au sol ? La station debout génère-t-il un équilibre, sans entraves, naturel et facile ? Et notre rapport au sol ? Sommes-nous à l’aise dans la chute ? Et comment s’arracher du sol ? S’en libérer, dans la fluidité et l’énergie ? Et le rapport entre la verticalité et l’horizontalité ! Le danseur n’est-il pas celui qui se sent à l’aise quand il aborde le déséquilibre ?

Les techniques sont nombreuses et puissantes. On peut décider d’en adopter une et de s’en imprégner et de la transmettre. On peut décider d’en travailler plusieurs et d’en faire la synthèse. On peut laisser la vie nous guider.

J’enseigne. Je transmets mais surtout, j’explore et les grands maîtres sont des guides précieux mais le seul qui nous fait avancer, c’est l’instinct. Celui qui nous renseigne sur le juste geste, celui que nous rend heureux ou plein et qui, tel un virus miraculeux, peut se transmettre aux autres. La technique nous rend libre, sans entrave, capable d’exprimer nos émotions et de déployer nos sensations. Mais sans la libération de l’instinct, la joie profonde de donner et de partager, la technique reste une belle gesticulation sans âme et qui ne nourrit personne. Jérôme Andrews (1908-1992), chorégraphe américain qui s’installe à Paris en 1953, poète de la danse, parlait de la banalité de la carcasse à la merveille d’un corps, par la danse. Et aussi de la « danse, ce quelque chose d’un peu miraculeux », de l' »extase et du rayonnement de l’instant » et de « l’éveil de la colonne vertébrale et la poésie d’être vivant ». De « la danse et du jeu ; la joie d’être en mouvement ».

Voilà ce qui me subjugue. La puissance suggestive de la danse.

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